MANUEL POUR LA PRÉVENTION DE LA POLLUTION
«Comment dépolluer votre milieu de travail et lenvironnement en même temps»
Service de la santé, de la sécurité
et de lenvironnement du CTC
2841, promenade Riverside
Ottawa (Ontario)
K1V 8X7
Téléphone: (613) 521-3400
Télécopieur: (613) 521-4655
Le 31 mars 1998
par Dick Martin, secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada et président du Comité de lenvironnement du CTC
Je suis très heureux de présenter le Manuel des travailleurs et des travailleuses pour la prévention de la pollution aux travailleurs et travailleuses du Canada. Nous sommes tous conscients des dommages que la pollution cause à lenvironnement et à la santé de nos collectivités à lextérieur du milieu de travail. Grâce aux campagnes que nous avons menées, nous avons sensibilisé les gouvernements, les employeurs et le public au fait que le milieu le plus affecté est le milieu de travail. Les personnes qui y travaillent reçoivent donc la plus forte «dose» de pollution, à laquelle se combine souvent une autre dose sous forme de pollution de leur collectivité à leur retour à la maison. Le défi que nous devons continuer de relever consiste à lier la pollution de lenvironnement aux effets négatifs quont les mêmes polluants sur la santé des travailleurs et travailleuses avant que ces polluants ne soient rejetés dans lenvironnement.
Le principal avantage de la prévention de la pollution est quelle protège en même temps la santé des travailleurs et travailleuses, la santé de la collectivité et celle du milieu physique.
Depuis cinq ans, le Congrès du travail du Canada et les syndicats qui y sont affiliés ont donné le pas à la promotion de la prévention de la pollution. Nous avons adopté la nouvelle discipline de la prévention de la pollution, nous lavons adaptée aux besoins du milieu de travail et de la santé au travail et nous en avons fait la promotion auprès tant des employeurs et des militants et militantes communautaires que des gouvernements. La Stratégie nationale sur la prévention de la pollution du CTC a été approuvée officiellement par le Conseil exécutif du CTC en février 1998.
Le présent manuel est le fruit de plusieurs années de travaux dans le domaine de la prévention de la pollution dont le point culminant a été la Conférence nationale sur la prévention de la pollution tenue à Winnipeg en novembre 1997. Je vous incite à lire ce manuel et à lutiliser aux fins de vos activités relatives à la santé, à la sécurité et à lenvironnement. Si nous arrivons à voir à ce quil se traduise par une action pratique, la santé des travailleurs et travailleuses, de leurs collectivités et du milieu physique saméliorera radicalement.
Ce manuel a été produit par le Congrès du travail du Canada en vertu dun contrat passé avec le ministère de lEnvironnement du Canada, sans laide duquel il naurait pas pu être établi. Le CTC tient à remercier Steven Shrybman, directeur exécutif de la West Coast Environmental Law Association, qui a été le principal rédacteur de ce manuel, James Riordan, directeur du Bureau national de prévention de la pollution dEnvironnement Canada, Anthony Pizzino, du Syndicat canadien de la fonction publique, et Cathy Walker, des Travailleurs canadiens de lautomobile. Les opinions exprimées dans ce manuel sont entièrement celles du CTC.
Chaque année, des milliers de personnes meurent de maladies causées par une exposition à des substances toxiques en milieu de travail. Par exemple, les cas de cancer attribuables à des expositions professionnelles peuvent représenter de 4% à 40% du total. Sil sagit de 4%, cela signifie quenviron 1 600 personnes par année contractent le cancer à cause dune exposition professionnelle. Il est plus probable que 20% des cas de cancer sont attribuables au travail, ce qui signifie quenviron 8 000 dentre eux par année découlent de facteurs professionnels au Canada. Or, le cancer nest quune des nombreuses maladies professionnelles. Bien quon ait réalisé des progrès appréciables dans la limitation de lexposition à des dangers au travail, des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses canadiens continuent dêtre exposés à un vaste éventail de produits chimiques toxiques et dautres substances dangereuses en milieu de travail. Bon nombre de ces substances sont reconnues cancérogènes et dautres nuisent à la santé de lappareil reproducteur ou causent des troubles du système immunitaire.
Par suite des efforts faits par les travailleurs et travailleuses, tous les gouvernements du Canada ont adopté des lois pour améliorer la santé et la sécurité au travail. Les travailleurs et travailleuses du Canada ont maintenant le droit de refuser un travail dangereux et de participer à des comités de santé et de sécurité. Les travailleurs et travailleuses ont aussi le droit dêtre informés, dans le cadre de programmes tels que le Système dinformation sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT), des caractéristiques des substances dangereuses auxquelles ils sont exposés en milieu de travail. Il est indéniable que de grands progrès ont été réalisés en vue daméliorer la salubrité et la sécurité des lieux de travail.
Toutefois, il arrive trop souvent que les efforts de promotion de la santé au travail soient entravés par lidée que tous les produits chimiques toxiques peuvent être utilisés sans danger en milieu de travail. Bien quon dise reconnaître limportance de la réduction de lutilisation des substances toxiques et dangereuses, il arrive plus souvent quautrement quon ne sefforce guère datteindre cet objectif. La réalité est quon sefforce beaucoup plus de restreindre lexposition aux substances toxiques en milieu de travail que den éliminer lutilisation.
Dans un même ordre didées, les lois environnementales ont accordé beaucoup trop dimportance à la dépollution et au traitement au bout du tuyau de déversement ou de la cheminée. Ces solutions «daval» sont souvent inefficaces et peuvent navoir pour effet que de faire passer les risques dun flux de déchets à un autre ou du milieu extérieur aux personnes travaillant à lintérieur de lusine. Cest pour de telles raisons que la priorité en matière denvironnement est en train de passer de la dépollution et du traitement à la prévention, cest-à-dire du traitement des symptômes à lélimination des causes de la pollution.
Les portes de lusine ont trop longtemps séparé les personnes se préoccupant du milieu de travail de celles qui se préoccupent de lenvironnement au-delà des portes de lusine. Il sagit dune division artificielle qui cache le fait que le règlement des problèmes ayant trait au milieu de travail et à lenvironnement exige souvent que les travailleurs et travailleuses et les environnementalistes adoptent des objectifs et des stratégies communs.
Puisque les politiques environnementales ont été axées jusquà présent sur les «solutions daval», il ne servait guère de chercher à déterminer sil serait plus efficace de prévenir la pollution en amont que de léliminer après coup. En fait, si lon ne traite pas en même temps des dangers professionnels et des répercussions sur lenvironnement les mesures de lutte contre la pollution prises à lintérieur et à lextérieur du milieu de travail risquent de se nuire les unes aux autres. Par exemple, on accroît souvent laération pour réduire les concentrations de produits chimiques toxiques dans lair des usines. Toutefois, si lair contaminé du lieu de travail est simplement rejeté dans lenvironnement, cela peut présenter un grave danger pour les personnes habitant les collectivités environnantes.
La prévention de la pollution a pour but de déplacer laccent des programmes environnementaux de la réduction et du traitement des rejets de polluants dans lenvironnement à la prévention de la pollution à la source. Cest pourquoi elle peut permettre déliminer enfin un important obstacle à la collaboration des travailleurs et travailleuses, des environnementalistes et même des employeurs à lamélioration de lenvironnement dans lintérêt tant des gens qui travaillent que de lensemble de la collectivité.
La théorie et la pratique de la prévention de la pollution donnent à ceux et à celles dentre nous qui croient quil faut voir en priorité à lélimination plutôt quà la réduction de lexposition des travailleurs et travailleuses aux substances toxiques une occasion, fort nécessaire, dintensifier leurs efforts.
Le fait que la prévention de la pollution soit devenue une importante priorité environnementale crée de nouvelles possibilités détablir des alliances entre les travailleurs et travailleuses et les groupes communautaires, environnementaux et même patronaux, alliances qui peuvent permettre de réaliser de véritables progrès en vue de régler les problèmes que posent la production, lutilisation et le rejet de substances toxiques.
Il ne sera pas facile de réaliser les progrès que permet la prévention de la pollution. Les programmes de prévention de la pollution qui existent depuis plusieurs années nont pas toujours été aussi fructueux que prévu. Bien que certaines entreprises aient relevé le défi de la prévention de la pollution, bon nombre dautres ont été moins quenthousiasmées, à plus forte raison si la prévention de la pollution comporte une réduction de la demande des produits chimiques quelles fabriquent.
La prévention de la pollution nest pas non plus la panacée, et certaines mesures de prévention de la pollution peuvent faire empirer la qualité du milieu de travail. Les risques de conséquences négatives sont les plus importants dans les cas où la politique de prévention de la pollution accorde trop dimportance aux rejets de substances toxiques dans lenvironnement et en accorde beaucoup moins quil ne le faudrait à la réduction de lutilisation de ces substances.
Pour que la prévention de la pollution crée dimportants nouveaux moyens de réduire lutilisation et la production de substances toxiques en milieu de travail, il faut que les travailleurs et travailleuses jouent un rôle clé dans son cadre. Puisque les politiques et les lois sur la prévention de la pollution ne commencent quà être mises en oeuvre, il est particulièrement important que les travailleurs et travailleuses se prononcent et indiquent clairement que les efforts de prévention de la pollution doivent améliorer lenvironnement tant à lintérieur quà lextérieur du lieu de travail.
1. De la dépollution à la prévention
1.1 Quest-ce que la prévention de la pollution?
La prévention de la pollution consiste à mener des activités de protection de lenvironnement visant à empêcher ou à minimiser la création de polluants et de déchets plutôt que de tenter de les réduire ou de les traiter après quils ont été créés.
Elle consiste également à changer la mentalité pour quelle soit axée non pas sur des mesures de dépollution et de traitement des déchets, mais plutôt sur une approche plus préventive de protection de lenvironnement dont le but est dempêcher la production des polluants.
Il est dune importance cruciale au succès de cette approche damélioration des activités de protection de lenvironnement quon donne la priorité aux mesures qui préviennent, éliminent ou empêchent la production de polluants. Il sensuit quon a songé à créer une hiérarchie doptions de gestion de lenvironnement, au sommet de laquelle se trouve la prévention et à la base de laquelle se trouve lévacuation.
En 1995, le gouvernement du Canada a adopté la prévention de la pollution en tant quélément central de sa politique environnementale, définissant la prévention de la pollution comme suit:
Lutilisation de procédés, de pratiques, de matières, de produits ou de formes dénergie qui empêchent ou qui minimisent la production de polluants et de déchets et le gaspillage, tout en réduisant les risques, dans lensemble, pour la santé humaine ou lenvironnement.
Cette définition laisse entendre que la réduction de lutilisation des substances toxiques comptera parmi les principaux éléments de la prévention de la pollution. Un des principaux moyens de réduire le risque global pour lenvironnement ou la santé humaine consiste à utiliser des substances non toxiques ou moins toxiques. Comme nous le savons, lélimination ou la réduction de lutilisation des substances toxiques est indispensable à la santé et à la sécurité des travailleurs et travailleuses: moins lon utilise des substances toxiques en milieu de travail, moins les travailleurs et travailleuses sont exposés à des causes de maladie et à des dangers physiques. Aux États-Unis, la réduction de lutilisation des substances toxiques correspond à un sous-ensemble de techniques de prévention de la pollution. Les principales, mais non les seules, activités de prévention de la pollution que les travailleurs et travailleuses peuvent entreprendre en milieu de travail sont axées sur la réduction de lutilisation des substances toxiques.
Il y a trois orientations fondamentales de la prévention de la pollution selon la définition du gouvernement fédéral:
Les deux premières de ces orientations peuvent être exigées par la réglementation, mais il est possible de les implanter en milieu de travail même en labsence de prescription réglementaire, dans le cadre de lactivité de prévention de la pollution ou en vertu de la politique de lemployeur sur la santé, la sécurité et lenvironnement. La réduction de lutilisation peut, bien sûr, comporter lélimination totale de lutilisation dune substance toxique au travail en vertu de la réglementation ou dun commun accord avec lemployeur.
Toutes ces orientations peuvent être adoptées par le public, les collectivités et les particuliers. Par exemple, nous pouvons réduire ou éliminer le recours aux pesticides, aux solvants et aux autres produits toxiques dans nos maisons et jardins, nos écoles et nos lieux publics. Des conseils utiles sont donnés à ce sujet dans le Guide des citoyens sur la prévention de la pollution établi par lInstitut canadien du droit et de la politique de lenvironnement (1998).
Méthodes de prévention de la pollution:
Les méthodes de prévention de la pollution comprennent:
le remplacement de substances, de matériaux ou de matières premières toxiques par des produits non toxiques ou moins toxiques; | |
la reconception de produits de telle sorte que le produit final soit non toxique ou moins toxique au moment de son utilisation, de son rejet ou de son élimination. Cette technique consistant à remonter du produit au procédé et aux intrants de la fabrication industrielle est nettement utile tant aux travailleurs et travailleuses quà lenvironnement, car si le produit est moins toxique, les procédés qui servent à le fabriquer le seront aussi. On produira moins de déchets toxiques et il y aura moins de substances toxiques auxquelles les travailleurs et travailleuses seront exposés. La reconception du produit nécessite une analyse du cycle de vie du produit; | |
la reconception ou la modification du procédé (installation de production); | |
lamélioration de lexploitation et de lentretien du matériel et des méthodes de production, notamment par lamélioration des pratiques de travail, des réglages, des inspections, de léquipement de gestion et de commande du procédé et de la formation des travailleurs et travailleuses; | |
la réutilisation et le recyclage faisant partie intégrante du procédé de production (p. ex., les méthodes en circuit fermé). Les circuits fermés ne produisent pas de déchet et ne comportent pas dexposition des travailleurs et travailleuses pendant la production (bien que, pour être pleinement efficaces, ces méthodes doivent avoir une sûreté intégrée et que lexposition soit habituellement inévitable pendant le démarrage et lentretien); | |
la simple réduction de lutilisation, qui consiste à employer le moins possible dune substance toxique et à atteindre le même résultat de production en recourant à une quantité moindre de substance toxique; | |
la consommation efficace de lénergie et des ressources. La définition de la prévention de la pollution adoptée par le gouvernement fédéral englobe lutilisation des matériaux autres que les produits chimiques ainsi que lutilisation de lénergie puisque la réduction de celle-ci minimise la production de polluants et de déchets. |
Ces méthodes sinscrivent toutes dans le cadre de la technologie plus propre. Celle-ci comprend le recours à des matières et à des procédés permettant de réduire la pollution et le gaspillage, y compris lutilisation efficace de lénergie. Elle comprend aussi lutilisation de quantités moindres de produits dont le cycle de vie se termine par une évacuation permanente ou qui deviennent des rebuts inutiles.
Bon nombre de méthodes en question seront employées dans la partie II de ce manuel, intitulée Planification de la prévention de la pollution en milieu de travail. Par exemple, une grande partie de lactivité de prévention de la pollution consistera à examiner les pratiques dachat ainsi que lutilisation et la manipulation des substances toxiques selon une technique appelée comptabilité des matières. Pour prendre des décisions sur le remplacement, on fait appel à une technique appelée évaluation du danger, qui est décrite en détail dans la Stratégie sur la prévention de la pollution du CTC résumée à lannexe 1.
Les avantages de la prévention de la pollution
En mai 1996, le Conseil canadien des ministres de lEnvironnement (CCME) a publié sa Stratégie dexécution de notre engagement national pour la prévention de la pollution. Selon ce document, la prévention de la pollution présente pour avantages quelle:
réduit au minimum ou évite la création de polluants; | |
évite le transfert des polluants d'un milieu à un autre; | |
accélère la réduction ou l'élimination des polluants; |
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réduit au minimum les risques pour la santé; | |
assure la promotion des technologies qui réduisent les sources de pollution; | |
économise davantage l'énergie, les matières et les ressources; | |
réduit au minimum les coûts à engager pour faire respecter la réglementation; | |
limite avec plus de certitude la responsabilité ultérieure; | |
reconnaît que le coût des résidus peut être réduit; | |
évite les coûts élevés de décontamination; | |
permet de promouvoir la compétitivité économique. |
Puisque les mesures de prévention de la
pollution doivent réduire la production de déchets ou minimiser la production de
polluants, les techniques suivantes ne sont pas considérées comme des éléments de
prévention de la pollution, si utiles soient-ils pour lenvironnement :
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Il nest pas facile dinscrire la prévention de la pollution en tête de lordre du jour de la protection de lenvironnement. Certaines parties de lindustrie chimique sopposent à la prévention de la pollution parce quelle réduit la quantité nécessaire des substances toxiques. Elles nont pas compris le marché potentiel de lindustrie des produits chimiques de remplacement. Lindustrie de la dépollution a réservé un accueil tiède à la prévention de la pollution parce que celle-ci réduit le besoin de dispositifs antipollution daval.
Les gouvernements canadiens ont hésité à incorporer à la législation des programmes intégraux de prévention de la pollution tels que ceux des États du Massachusetts, du New Jersey et de lOregon. Certains environnementalistes nont pas compris que la prévention de la pollution sert autant à améliorer le milieu de travail que lenvironnement à lextérieur de celui-ci, et ils nunissent pas encore leur cause à celle des travailleurs et travailleuses dont lexposition au produits chimiques toxiques est habituellement beaucoup plus grave que celle du grand public. Certaines définitions de la prévention de la pollution sont iniques car elles comprennent des éléments disparates, y compris la dépollution et le traitement des déchets (mesures correctives). Par exemple, la prévention de la pollution est définie comme suit dans la série 14000 des normes de lOrganisation internationale de normalisation (ISO) sur la gestion de lenvironnement:
Utilisation de procédés, pratiques, matériaux ou produits qui empêche, réduit ou contrôle la pollution, qui peut inclure le recyclage, le traitement, les changements de procédés, les mécanismes de contrôle, l'utilisation efficace des ressources et la substitution de matériaux. (Cest nous qui ajoutons le caractère gras.)
Ce que lISO refuse de reconnaître, cest quil existe une hiérarchie des mesures de protection de lenvironnement au sommet de laquelle se trouve la prévention de la pollution:
Néanmoins, des progrès ont été réalisés. Le gouvernement fédéral a incorporé sa définition de la prévention de la pollution au projet de loi C-74, loi modificatrice de la Loi canadienne sur la protection de lenvironnement (LCPE). Le Bureau national de prévention de la pollution fait la promotion de la prévention de la pollution à léchelle nationale et fédérale, comme le fait le Centre canadien pour la prévention de la pollution, situé à Sarnia (Ontario). Plusieurs provinces comprenant la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse et lOntario ont établi des programmes de prévention de la pollution au palier provincial. Il y a lieu de reconnaître que lOntario a accompli une grande partie du travail détablissement de systèmes dévaluation du danger dans ses Critères de sélection des substances devant faire lobjet dune élimination virtuelle (1994). De plus, lOntario a produit des guides approfondis sur la planification de la prévention de la pollution. Les gouvernements ont signé des protocoles dentente sur la prévention de la pollution avec des secteurs industriels comprenant lindustrie de lautomobile. Le public commence à prendre connaissance de la prévention de la pollution par suite des campagnes favorisant le développement durable qui ont découlé de la Conférence des Nations Unies sur lenvironnement et le développement (Rio, 1992).
Il y a trois raisons pour lesquelles les progrès ont été restreints jusquà présent. Premièrement, la plupart des programmes canadiens de prévention de la pollution sont dapplication volontaire. Il arrive souvent que les travailleurs et travailleuses donnent le pas aux progrès grâce à la négociation collective et aux moyens de pression au travail, avant que ces progrès ne deviennent universels et ne soient intégrés à la législation. Il pourrait en être ainsi en matière de prévention de la pollution. On pourrait tabler sur les programmes dapplication volontaire pour aller plus loin. La Stratégie sur la prévention de la pollution du CTC préconise létablissement, dans la législation, dune norme nationale de prévention de la pollution.
Deuxièmement, les lois qui ont été adoptées ou envisagées, telles que la LCPE et le projet de loi C-74, nont prévu des programmes obligatoires de prévention de la pollution que sur une poignée de produits chimiques individuels choisis. La législation américaine, comme par exemple la Toxic Use Reduction Act du Massachusetts, exige que les programmes de ce genre portent sur un vaste éventail de produits chimiques toxiques dans le contexte du milieu de travail entier en tant que procédé et quinstallation de production. La Stratégie sur la prévention de la pollution du CTC préconise ladoption dune loi semblable qui serait applicable aux lieux de travail réglementés par le gouvernement fédéral et de lois provinciales et territoriales analogues.
En dernier lieu, dans les cas où des programmes de prévention de la pollution ont été mis en oeuvre, il est rare quils mettent laccent sur le milieu de travail en tant quenvironnement risquant le plus dêtre contaminé par les pratiques existantes. Il faudrait voir à ce que la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses soient un des objets principaux de lactivité de prévention de la pollution. En incorporant explicitement la réduction de lutilisation à la définition de la prévention de la pollution et en faisant de la santé professionnelle un des buts de celle-ci, les gouvernements pourraient contribuer grandement à la rendre pleinement efficace. Le présent manuel vise notamment à permettre la réalisation de cette vision.
La Stratégie nationale sur la prévention de la pollution du CTC préconise lintégration à la législation dun programme national de prévention de la pollution. Le Congrès du travail du Canada approuve officiellement la définition canadienne actuelle de la prévention de la pollution, bien quil précise quelle devrait explicitement englober la réduction de lutilisation des produits chimiques et ses répercussions sur le milieu de travail.
1.2 Quel est le rôle des travailleurs et travailleuses?
Même si la prévention de la pollution est désormais un élément central de la protection de lenvironnement, il arrive souvent quon ne tienne guère compte du rôle des travailleurs et travailleuses dans létablissement de solutions de prévention de la pollution. Pourtant, parce que les travailleurs et travailleuses sont exposés à des produits chimiques toxiques tant en milieu de travail que dans lenvironnement, il leur importera souvent plus quà tout autre groupe que les efforts de prévention de la pollution soient fructueux. Qui plus est, puisquils participent directement à tous les aspects de la production, les travailleurs et travailleuses sont mieux en mesure que quiconque de contribuer à la planification et à la mise en oeuvre de la prévention de la pollution.
Les travailleurs et travailleuses et les environnementalistes partagent bon nombre des buts de la prévention de la pollution, mais il arrive souvent que leurs priorités soient tout à fait différentes. Par exemple, les travailleurs et travailleuses sintéressent particulièrement à la réduction des rejets de substances organiques volatiles en milieu de travail, mais les rejets de ces substances peuvent navoir que peu deffet à lextérieur du lieu de travail. Dautre part, bien des efforts de prévention de la pollution ont été axés sur des rejets majeurs de substances moins volatiles dans lenvironnement, telles que les émissions dans lair, dans les effluents ou dans les flux de déchets. Ces émissions peuvent navoir que des effets négligeables sur le lieu de travail.
La faible reconnaissance du rôle des travailleurs et travailleuses est probablement un vestige de la mentalité traditionnelle sur laquelle repose la politique environnementale, laquelle ne porte que sur les rejets. Pour débarrasser lenvironnementalisme des carcans de la décontamination et de lassainissement, il faut reconnaître clairement le rôle clé que le mouvement syndical doit jouer dans latteinte de lobjectif de la prévention de la pollution.
2. Planification de la prévention de la pollution en milieu de travail
Une fois que lon comprend les grands concepts de la prévention de la pollution, il faut voir à ce que celle-ci se matérialise en milieu de travail. Cela exige une planification soigneuse.
Dans cette partie du manuel, nous décrirons cinq grandes stratégies permettant de réduire lutilisation, la production et le rejet de substances toxiques ainsi que la pollution. Ensuite, nous traiterons des différentes étapes de la planification de lévaluation des meilleurs moyens de mettre ces stratégies en oeuvre dans votre lieu de travail. Nous insisterons sur limportance du rôle que les travailleurs et travailleuses doivent jouer dans la planification et la mise en oeuvre de la réduction de lutilisation des substances toxiques et la prévention de la pollution.
2.1 Cinq grandes stratégies pour atteindre les objectifs de prévention de la pollution
1. Remplacement des intrants: Il sagit de remplacer une substance toxique utilisée en tant quintrant du procédé de production par une substance non toxique ou moins toxique. On peut remplacer des matières premières, des produits chimiques créés pendant la production ou des substances utilisées pour soutenir la production, telles que les substances entrant dans les produits dentretien et de nettoyage. Voici des exemples de remplacements fructueux des intrants:
Bien des remplacements dintrants réduisent considérablement lexposition à des substances toxiques en milieu de travail, mais ce ne sont pas tous les remplacements judicieux du point de vue de lenvironnement qui ont cet effet. Par exemple, lutilisation de matières recyclées en tant que matières premières peut faire intervenir des produits toxiques supplémentaires. Il importe par conséquent que les travailleurs et travailleuses évaluent soigneusement les répercussions sur le milieu de travail des remplacements dintrants destinés à prévenir la pollution.
La Stratégie nationale sur la prévention de la pollution du CTC souligne le besoin de créer un système dévaluation du danger assujetti à la législation pour que puisse être évalué le succès des programmes de prévention de la pollution en milieu de travail.
2. Reconception des produits: Il sagit de réduire le caractère toxique et la teneur en substances toxiques des produits finals afin daccroître la sécurité de leur utilisation et de leur élimination. Certaines substitutions dintrants qui sont très souhaitables du point de vue de lenvironnement nont aucun effet sur la santé et la sécurité au travail. Prenons, par exemple, la substitution aux CFC de produits chimiques ne détruisant pas lozone dans les produits de climatisation et de réfrigération. Dautres substitutions peuvent améliorer létat du milieu tant à lintérieur quà lextérieur du lieu de travail. Elles comprennent les suivantes:
3. Reconception des procédés: Il sagit de modifier les procédés de production, ce qui peut exiger des investissements considérables. Puisque le coût de la modification peut être élevé, les possibilités de prévention de la pollution doivent toujours être examinées au cours de la conception ou de reconception des méthodes de production. Toutefois, il arrive parfois que la prévention de la pollution soit la principale raison du changement technologique. Tel a été le cas dans lindustrie canadienne des pâtes et papiers quand celle-ci a dû respecter les règlements environnementaux exigeant quelle réduise les teneurs des effluents de ses usines en composés chlorés. Parmi les autres exemples du recours à cette stratégie de prévention de la pollution, mentionnons:
Technique dun produit La conception technique dun produit a traditionnellement été destinée à minimiser son prix de revient. De nos jours, toutefois, un nombre croissant dentreprises utilisent la méthode de la capitalisation du coût entier du produit pour mieux comprendre les coûts environnementaux, sociaux et financiers des choix de production. La capitalisation du coût entier signifie que le produit est prévu pour :
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4. Recyclage en cours de procédé: Il sagit de boucler la boucle de production en réutilisant des sous-produits ou des déchets en tant quintrants du procédé de production, réduisant ainsi le besoin de nouveaux intrants toxiques. Les systèmes de recyclage comptent parmi les plus courants des moyens de prévention de la pollution et présentent pour attrait évident pour les employeurs de réduire les matières premières nécessaires et les frais de gestion des déchets. Bien quil existe des marchés de matières recyclées à lextérieur des lieux, leur instabilité rend souvent le recyclage sur place plus attrayant. Le recyclage sur place ne réduit pas nécessairement lutilisation de matières toxiques ou lexposition des travailleurs et travailleuses, mais il peut présenter de considérables avantages environnementaux en réduisant les risques et les frais de transport et de gestion à lextérieur des lieux. Voici des exemples de pratiques de recyclage fructueuses:
5. Bonnes pratiques de travail: Il sagit daméliorer le fonctionnement des systèmes utilisés sur les lieux, par exemple afin déliminer les fuites, de prévenir les déversements, de réduire les pertes des réservoirs et de régler avec précision les systèmes de production. Il ny a probablement pas dactivité de prévention de la pollution donnant plus de résultats à moindre coût. Les exemples comprennent:
2.2 La planification de la prévention de la pollution en huit étapes
1re ÉTAPE: ENGAGEMENT DE LORGANISATION
Que ce soit dans le secteur public ou au sein dune entreprise privée, le succès des efforts de prévention de la pollution nécessite un net engagement de la direction supérieure. La façon la plus directe de vous assurer un tel engagement consiste à voir à ce que votre employeur fasse de la prévention de la pollution sa politique et le but principal de son système de gestion de lenvironnement. Comme nous lindiquerons dans la partie 4, la négociation collective peut être un moyen très utile dinciter lemployeur à prendre lengagement souhaité, particulièrement sil est réfractaire. En fait, la négociation collective peut être le seul moyen de vaincre la résistance de lemployeur pour ce qui est de permettre la participation des travailleurs et travailleuses à la détermination du fonctionnement des méthodes de production, qui a jusquà présent fait lobjet de droits exclusifs de la direction.
En adoptant une politique de prévention de la pollution, lemployeur peut prouver à son personnel et au public quil désire vraiment réduire lutilisation de substances toxiques et leur rejet dans lenvironnement sous forme de polluants ou de déchets. Voici un exemple de déclaration dengagement à cet égard:
Énoncé de politique de
prévention de la pollution Notre entreprise sefforce en priorité dassurer la santé et la sécurité au travail et de protéger lenvironnement. Cest pourquoi nous nous engageons à éliminer ou à réduire dans toute la mesure du possible lutilisation de substances toxiques ainsi que notre consommation dénergie et notre production de déchets. La prévention de la pollution à la source est la solution que nous préférons. Dans les cas où la production de déchets est inévitable, nous nous engageons à recycler, traiter et éliminer les déchets de manière à minimiser les effets indésirables sur lair, leau et les terres. |
Il se peut que votre employeur ait déjà adopté des politiques sur lenvironnement, la santé et la sécurité au travail ou la qualité de la gestion. La prévention de la pollution doit devenir un élément clé de ces politiques (voir le modèle de clauses de convention collective à la partie 4 ci-dessous).
Noubliez pas de tenir vos compagnons et compagnes de travail au courant de la situation. Les bulletins internes et les réunions syndicales ou du personnel donnent dexcellentes occasions de partager linformation sur la prévention de la pollution. Encouragez vos compagnons ou compagnes de travail à participer à celle-ci en leur demandant leur avis et en les informant de la suite donnée à leurs suggestions.
2e ÉTAPE: CRÉATION DUNE ÉQUIPE DE PRÉVENTION DE LA POLLUTION
Sil existe déjà un comité mixte de santé et de sécurité ou de protection de lenvironnement dans votre lieu de travail, il faudra voir à ce quil participe activement à la planification de la prévention de la pollution. Sil existe un comité environnemental indépendant du comité de santé et de sécurité, il faudra que les deux comités conjuguent leurs efforts.
Sil nexiste ni comité de lenvironnement, ni comité de santé et de sécurité, il importera de créer dautres mécanismes pour voir à ce que les travailleurs et travailleuses puissent participer aux efforts de prévention de la pollution de lorganisation. Cest pourquoi, que ce soit dans le cadre des travaux des comités existants ou indépendamment, il faut insister pour que lemployeur crée une équipe de planification de la prévention de la pollution comprenant un nombre égal de personnes représentant les travailleurs et travailleuses et la direction.
Il importe en outre de sassurer que des cadres principaux fassent partie de léquipe. Lidéal serait que léquipe comprenne les gestionnaires chargés des opérations, de la santé et de la sécurité, de lenvironnement, et de lentretien. Vu les incidences que la prévention de la pollution peut avoir sur la reconception des produits, il serait judicieux de faire participer les services des ventes et du marketing dans le cas des organisations de production (par opposition aux organisations de prestations de services).
De plus, il est très important que léquipe ait le pouvoir dapprouver ou dautoriser la version définitive du plan de prévention de la pollution. Il faudra ensuite que léquipe participe à la mise en oeuvre et au suivi de ce plan (voir la partie 4 intitulée «Prévention de la pollution et négociation collective»).
3e ÉTAPE: DÉTERMINATION DES SUBSTANCES TOXIQUES UTILISÉES ET PRODUITES
La première mesure à prendre pour mettre en pratique la prévention de la pollution consiste à déterminer toutes les substances toxiques entreposées sur les lieux, constituant des intrants, produites pendant la production ou rejetées dans lenvironnement sous forme de polluants. Ces substances peuvent comprendre des matières premières utilisées aux fins de la production, des sous-produits de celle-ci ou des composantes du produit final lui-même.
Le premier défi que votre équipe sera appelée à relever sera celui de sentendre sur la liste des substances toxiques utilisées et produites. Celle-ci devrait comprendre au moins toute substance également inscrite aux listes de substances toxiques de la LCPE. Cependant, ces dernières ne portent que sur une faible partie des substances toxiques dont les travailleurs et travailleuses se préoccupent. Cest pourquoi il importe de voir à ce que votre liste ait une plus vaste portée. Les fiches signalétiques du Système dinformation sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT) seront probablement les meilleurs ouvrages de référence aux fins de la détermination des substances qui devraient faire lobjet de la planification de la prévention de la pollution.
Un des meilleurs moyens de comprendre les points où des substances toxiques et dangereuses sont utilisées ou produites consiste à examiner lorganigramme indiquant le cheminement des entrées et sorties de chaque étape de la production. Les organigrammes peuvent permettre de bien comprendre les activités quotidiennes. Prêtez particulièrement attention à toute matière première et à tout extrant qui est toxique; cela vous permettra de mettre laccent sur les possibilités les plus probables de prévention de la pollution.
Un autre moyen important de déterminer les activités de létablissement consiste à suivre la production dans votre lieu de travail. Entreprenez votre tournée au point dentrée des matières premières et poursuivez-là jusquau produit fini. Cela vous aidera à interpréter les organigrammes et à relever des objets possibles des efforts de prévention de la pollution, tels que les fuites et les émissions fugitives qui ne sont habituellement pas indiquées sur les organigrammes.
Voici quelques conseils aux fins de votre tournée:
4e ÉTAPE: REPÉRAGE DES ENTRÉES ET SORTIES DE SUBSTANCES TOXIQUES
Maintenant que votre équipe comprend plutôt bien les sources de substances toxiques dans le lieu de travail, létape suivante consiste à estimer les quantités de ces substances toxiques qui y sont utilisées ou produites. La quantification de lutilisation et de la production de substances toxiques permettra de trouver les solutions les plus efficaces de prévention de la pollution. Vos estimations seront vos repères aux fins de la détermination du succès des efforts de prévention de la pollution.
Heureusement, une grande partie de linformation dont vous aurez besoin pour quantifier les entrées et sorties de substances toxiques se trouve dans les registres que tient déjà lemployeur. Les sources dinformation suivantes, par exemple, vous seront probablement très utiles:
Comptabilité des matières entrées et sorties Le système de comptabilité des matières permet de tenir des comptes sur tous les produits chimiques toxiques utilisés ou créés au cours de la production. Il quantifie tout ce qui entre dans létablissement et tout ce qui en sort en mesurant les substances toxiques ou les polluants à chaque étape principale de la production. Les mesures ainsi obtenues sont des renseignements indispensables à la planification et à lévaluation de la prévention de la pollution. Il ne faut pas confondre le bilan matières, plus complexe, et la comptabilité des matières. Celle-ci se fonde principalement sur des registres faciles à obtenir de lemployeur, tels que les données sur les stocks et les ventes, les factures de matières premières, les lettres de transport, les données comptables générales et les renseignements sur la fabrication et la composition des produits. Voici les principales données de la comptabilité des matières :
La comptabilité des matières est un important instrument de planification de la prévention de la pollution. |
À la lumière de ces sources, votre équipe devrait disposer dune information suffisante pour:
Un des meilleurs moyens de contre-vérifier vos conclusions au sujet de lutilisation et de la production de substances toxiques dans le lieu de travail consiste à procéder à une comptabilité des matières (voir lencadré).
5e ÉTAPE: DÉTERMINATION DE TOUTES LES OPTIONS DE PRÉVENTION DE LA POLLUTION
Cest une partie créative du processus de planification. Dabord, votre équipe doit énumérer toutes les options possibles pour atteindre les objectifs de prévention de la pollution. Dans bien des cas, une séance de remue-méninges permet à tous les membres de léquipe dexprimer leurs idées. En fait, cest en réfléchissant à haute voix et en sentraidant que les membres de votre équipe trouveront des solutions que personne naurait pu trouver tout seul.
Un autre moyen important de déterminer les options de prévention de la pollution consiste à examiner les études de cas et les autres rapports et documents de plus en plus nombreux au sujet des mesures de prévention de la pollution qui se sont révélées efficaces. Vous pouvez attribuer cette tâche à un membre de votre équipe ou demander à certains membres de léquipe dassumer la responsabilité de lexamen à légard détapes précises de la production. (Dans la partie 6, nous indiquerons certaines des sources les plus utiles de linformation sur la prévention de la pollution.)
Noubliez pas la hiérarchie: Peu importe comment vous y procédez, il est utile de classer les options que vous déterminez selon la hiérarchie de la gestion de lenvironnement (voir la page 7). Au premier rang viendront les vraies options de réduction à la source telles que le remplacement dintrants et la reconception de produits. Au deuxième rang viendront les options de réutilisation ou de recyclage en circuit fermé. Ce nest quaprès avoir écarté les options des deux premiers types que votre équipe devrait envisager les solutions plus conventionnelles de gestion des déchets, telles que le recyclage hors circuit et les méthodes alternatives de traitement et dévacuation. |
6e ÉTAPE: SÉLECTION PRÉLIMINAIRE DES OPTIONS
Létape suivante de la planification nécessite que votre équipe procède à une première élimination doptions relevées et classées. Lévaluation de la faisabilité de certaines options peut exiger une analyse environnementale, technique et économique approfondie. Dautres options pourraient être mises en oeuvre à peu de frais et avec peu de risques. Cest pourquoi il importe que votre équipe commence par tenter de déterminer la facilité de mise en oeuvre des options.
La première étape de la sélection des options de prévention de la pollution peut être réalisée à bâtons rompus par léquipe. Le travail collectif peut être le meilleur moyen de profiter pleinement des forces, de lexpérience et des idées de tous les membres de léquipe. Voici certaines des questions que léquipe pourrait se poser au cours de la sélection préliminaire des options de prévention de la pollution:
À ce stade de la sélection, votre équipe sera probablement en mesure de répartir les options possibles de prévention de la pollution entre trois catégories:
7e ÉTAPE: ÉVALUATION DÉTAILLÉE
Les options de prévention de la pollution qui exigent un examen plus poussé se répartissent entre différentes catégories. Certaines peuvent être évaluées plutôt facilement, et votre équipe peut avoir les compétences nécessaires pour les évaluer. Dautres, et particulièrement celles qui nécessitent un investissement en capital appréciable ou dimportantes modifications des procédés ou reconceptions de produits, peuvent exiger une investigation approfondie et parfois coûteuse.
Votre équipe doit classer par ordre de priorité les options nécessitant une évaluation technique. Vous déciderez peut-être de reporter lévaluation de certaines options parce quelle serait trop coûteuse ou trop longue. Dautres options peuvent exiger la consultation dexperts-conseils, et votre équipe peut recommander le recours à des experts de lextérieur. Cependant, il y a plusieurs options que votre équipe pourra évaluer elle-même, seule ou avec laide de personnel et de ressources de lusine.
Voici certaines des principales questions dont votre équipe devra tenir compte:
Votre équipe doit se demander en premier lieu si la mesure proposée de prévention de la pollution sera efficace dans le cas précis qui vous intéresse. Si loption nécessite des modifications des intrants, il faudra faire participer à lévaluation des spécialistes du contrôle de la qualité des produits. Si les modifications risquent dinfluencer les caractéristiques du produit, il faudra consulter également des membres du personnel de marketing et de publicité.
Certaines options de prévention de la pollution présentent des avantages évidents pour lenvironnement ou la santé et la sécurité au travail et ne risquent guère ou pas du tout davoir des inconvénients. Il sagit par exemple du remplacement dintrants toxiques par des intrants non toxiques. Cependant, dautres options peuvent exiger des compromis quil y a lieu détudier soigneusement. Par exemple, le remplacement du dégraissage aux solvants par le sablage peut éliminer lutilisation de substances toxiques et réduire les déchets en milieu de travail, mais risque dexposer les travailleurs et travailleuses à de nouveaux dangers en raison des particules en suspension dans lair.
Aux fins de lévaluation technique, votre équipe devra établir une description préliminaire de la procédure à suivre pour mettre en oeuvre loption de prévention de la pollution. Puisque la modification des procédés peut nécessiter lachat de nouvelles machines et interrompre la production, elle devra être étudiée soigneusement. Il peut être utile demployer la même liste de vérification dont votre équipe de planification sest servi pour réaliser son évaluation préliminaire, afin de traiter de toutes les questions nécessaires.
Des études sur les mesures de prévention de la pollution réalisées par lorganisation INFORM, dont le siège se trouve à New York, ont indiqué que toutes les mesures étudiées étaient rentables. Seuls la taille de linvestissement et le délai de recouvrement variaient selon les cas.
Si loption de prévention de la pollution nexige pas un grand investissement en capital et présente des avantages considérables pour le milieu de travail ou lenvironnement, la décision de la mettre en oeuvre devrait être relativement facile à prendre. Dans les cas où il y a lieu dengager de fortes dépenses, lemployeur voudra sans doute une analyse plus approfondie.
Bien sûr, certaines mesures de prévention de la pollution doivent être mises en oeuvre à tout prix. Les conséquences et les risques que présentent pour les travailleurs et travailleuses ou pour lenvironnement un nombre croissant de substances toxiques sont tout simplement inacceptables, et ces substances doivent être éliminées. Dans dautres cas, la dépollution du milieu de travail et de lenvironnement peut demeurer une option. Le défi, dans ces cas, consiste à convaincre lemployeur de passer de la dépollution à la prévention, ce qui peut exiger que lon prouve que cest judicieux du point de vue économique.
Le coût des modifications à apporter aux intrants ou aux procédés est souvent facile à déterminer. Cependant, les avantages économiques de ces modifications peuvent être plus difficiles à calculer. Cest particulièrement vrai dans le cas des améliorations qui peuvent rapporter en accroissant la clientèle ou en réduisant lexposition de lentreprise aux attributions de responsabilité, aux demandes de dédommagement et aux poursuites en aval.
Selon lenvergure de lorganisation, il se peut que la direction connaisse très bien les différentes méthodes dévaluation des avantages des investissements en capital et des modifications de la production et des procédés. Dans dautres cas, il peut être nécessaire dacquérir une capacité interne ou dengager des experts-conseils. Nous ne décrirons pas, dans ce manuel, les méthodes et modèles comptables nécessaires, mais voici certains des facteurs dont il faut tenir compte pour évaluer une initiative de prévention de la pollution:
COÛTS | AVANTAGES |
Coûts ponctuels | Économies ponctuelles: |
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Coûts permanents: |
Économies suivies: |
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Bon nombre des avantages des investissements de la prévention de la pollution peuvent ne se faire sentir quà plus long terme et être plus difficiles à quantifier. Cest pourquoi il faut sassurer de ne pas négliger les très considérables économies pouvant être réalisées dans limmédiat grâce à la réduction des frais dénergie, de services publics et de gestion des déchets. Ces économies peuvent servir à persuader lemployeur dinvestir beaucoup plus dans la prévention de la pollution par la suite.
En outre, il sera très important que votre équipe de planification documente soigneusement les résultats de son évaluation des options de prévention de la pollution. Diffusez une ébauche de votre rapport dévaluation à toutes les personnes qui ont contribué à lévaluation. Cela devrait aider votre équipe à relever toute erreur et à ne pas être prise au dépourvu. Le fait délargir le groupe de planification contribuera à obtenir lappui des personnes qui mettront en oeuvre les mesures de prévention de la pollution et sassureront quelles sont efficaces.
Qui en profite et qui paie? Dans bien des cas, cest principalement en prouvant quune mesure de prévention de la pollution est rentable que vous convaincrez votre employeur de la mettre en oeuvre. Toutefois, dans dautres cas, il faudra prendre des mesures de prévention de la pollution même si elles naméliorent pas le bilan de lemployeur. La protection de lenvironnement et de la santé des travailleurs et travailleuses nest pas une option que les employeurs devraient pouvoir rejeter simplement parce quelle nest rentable. La faiblesse des règlements sur le milieu de travail et lenvironnement ou labsence de tels règlements a permis à bien des employeurs de négliger les effets négatifs de leurs activités sur lenvironnement et sur les travailleurs et travailleuses. Parce quils peuvent faire acquitter des frais de production par dautres, bien des employeurs continuent de faire fi même des moyens les plus rentables daméliorer leur rendement environnemental. Que les mesures de prévention de la pollution soient rentables ou non, il y est nettement lieu den adopter. Le coût quelle comporte pour la santé des travailleurs et travailleuses et lenvironnement rend la négligence des possibilités de prévention de la pollution tout simplement inacceptable. Nous reviendrons à ce problème dans la partie 5 de ce manuel en soulignant la nécessité de nouvelles lois rigoureuses pour que la prévention de la pollution soit mise en oeuvre au Canada. |
8e ÉTAPE: MISE EN OEUVRE ET SUIVI
On peut maintenant prendre des décisions au sujet des projets de prévention de la pollution qui seront réalisés. Votre équipe peut être habilitée à mettre en oeuvre certaines des options retenues. Dautres devront être approuvées par la direction supérieure, particulièrement si elles nécessitent dimportantes dépenses en capital ou une importante reconception des méthodes de production. Il devrait être nécessaire de faire approuver toute mesure de prévention de la pollution par votre équipe avant quelle ne soit mise en oeuvre.
Votre équipe devrait participer à la mise en oeuvre. Elle sera appelée à procéder à des modifications et à des rajustements pour voir à ce que les mesures de prévention de la pollution soient pleinement efficaces.
Le contrôle et le suivi sont dune importance cruciale aux fins de la documentation des réussites, des traquenards et même des échecs. Le fait de documenter lexpérience que vit votre équipe aidera dautres équipes et posera une base crédible sur laquelle pourront reposer les engagements futurs à légard de la prévention de la pollution.
PRÉVENTION DE LA POLLUTION DANS LE SECTEUR PUBLIC La prévention de la pollution a initialement été prévue pour des lieux de travail industriels tels que des mines, des centrales, des installations de production primaire et de transformation et des établissements de fabrication et de formulation de produits chimiques. Cependant, elle peut sappliquer tout aussi bien à des lieux de travail du secteur public et du secteur des services, comme par exemple des hôpitaux, des écoles et des lieux appartenant aux municipalités. La situation peut être un peu plus compliquée dans le cas des municipalités car elles peuvent avoir des installations et des lieux de travail de plusieurs types différents. Les programmes de prévention de la pollution peuvent porter sur tout léventail des activités municipales. La ville de Toronto a proposé un programme de prévention de la pollution applicable au traitement des eaux dégout qui a été établi avec laide de la section locale 79 du SCFP. Ce programme établit des règles sur la qualité des rejets industriels dans les égouts, de telle sorte que leffluent traité doit être assez propre pour quon puisse lutiliser en tant quengrais à des fins agricoles. Ces règles sont si rigoureuses que les employeurs industriels ne peuvent les respecter quen recourant à des méthodes de prévention de la pollution dans les établissements causant les rejets contaminés. Dans ce cas, la prévention de la pollution nest pas mise en oeuvre de la même manière que dans les lieux de travail industriels privés mais la teneur des exigences réduction de lutilisation de produits chimiques toxiques et les résultats sont les mêmes. |
Lapproche de lévacuation et du traitement en aval des polluants et des déchets na pas généralement permis de tenir compte du milieu de travail. Les stratégies de prévention de la pollution donnent dimportantes nouvelles occasions de trouver des solutions répondant aux besoins à la fois des travailleurs et travailleuses et des collectivités.
Il nest pas étonnant que bien des groupes environnementaux considèrent la prévention de la pollution comme une importante stratégie de réduction de lutilisation et des rejets de substances toxiques. De nombreux environnementalistes soccupant des substances toxiques ont commencé à axer leurs efforts sur la prévention de la pollution.
Priorités du CENTox relatives à la prévention de la pollution Dans un rapport publié à la veille des élections fédérales de 1997, le comité des substances toxiques du Réseau canadien de lenvironnement a incité le gouvernement libéral à honorer lengagement quil a pris pendant la campagne à amender la Loi canadienne sur la protection de lenvironnement de manière à :
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Les entreprises et les gouvernements ont commencé, eux aussi, à classer les stratégies de prévention de la pollution parmi les priorités importantes et ont établi des programmes de prévention de la pollution dans lensemble de lAmérique du Nord et de lEurope.
Au Canada, les groupes environnementaux sefforcent de faire intégrer la prévention de la pollution aux lois fédérales et provinciales sur la protection de lenvironnement. Le meilleur moyen de se renseigner sur leurs efforts consiste à se rendre à la page Web du comité des substances toxiques du Réseau canadien de lenvironnement (CENTox), groupe qui a contribué grandement à la promotion de la refonte de la législation dans le domaine. De nombreux syndicats ont créé des comités de lenvironnement aux paliers local, provincial et national. Dans bien des cas, les membres de ces comités entretiennent de bonnes relations avec les militants et militantes environnementaux et devraient pouvoir vous orienter dans la bonne voie.
Vous pouvez également accroître lappui dont la prévention de la pollution fait lobjet dans votre lieu de travail en collaborant avec des groupes communautaires sintéressant au rendement environnemental de votre employeur. Vous trouverez de tels groupes si votre usine se trouve dans un quartier à la fois résidentiel, commercial et industriel. Lindustrie agricole et même différentes institutions du secteur public ont attiré lattention de groupes communautaires et de contribuables se préoccupant de lutilisation des pesticides, des activités de gestion des déchets, du bruit et dautres incidences environnementales. Les groupes communautaires peuvent également se préoccuper du rendement environnemental de votre employeur sil présente des rapports sur ses rejets dans le cadre de lInventaire national des rejets de polluants.
Pour trouver dans votre collectivité des groupes locaux avec lesquels vous pourrez collaborer, il peut suffire de consulter la presse locale. Vous pouvez également vous rendre au centre communautaire local et parler à des gens qui habitent le quartier pour trouver des militants et militantes locaux. Vous pourriez encourager les habitants et habitantes du coin à sintéresser aux moyens que prend votre entreprise ou votre employeur du secteur public pour relever le défi de la prévention de la pollution. Dans bien des cas, la municipalité tient un registre des groupes communautaires militant dans la région. Le conseil ou la régie de la santé devrait pouvoir vous indiquer des groupes communautaires qui soccupent de questions de santé.
En dernier lieu, il y a un certain nombre dentreprises, demployeurs du secteur public et dorganisations de gens daffaires qui ont donné le pas à la mise en oeuvre et à la promotion de la prévention de la pollution. Les processus de consultation multipartites, y compris les tables rondes provinciales et fédérales sur lenvironnement et léconomie, peuvent permettre détablir des relations avec les membres du monde des affaires qui sont les plus ouverts sur lavenir. On peut trouver dautres contacts utile en visitant les sites Internet portant sur les questions de prévention de la pollution (voir la partie 6).
Ces exemples de comportement patronal responsable sont importants parce que certains secteurs de la collectivité des affaires sont moins enthousiastes au sujet de la prévention de la pollution. Dans un document publié dernièrement, un des principaux tenants de la prévention de la pollution1 attribue la lenteur des progrès de la prévention de la pollution, du moins partiellement, à la résistance de groupes voulant maintenir le statu quo dans leur intérêt propre. Ces groupes comprennent:
Le mouvement syndical, les groupes communautaires et les groupes environnementaux partagent de nombreux intérêts en matière de protection de lenvironnement ainsi que de santé et de sécurité des travailleurs et travailleuses. Notre capacité de favoriser la prise de forts engagements à légard de la prévention de la pollution, tant dans la législation que dans la pratique, dépendra dans une grande mesure de notre capacité détablissement de solides liens avec nos alliés.
4. Prévention de la pollution et négociation collective
LÉnoncé de politique du CTC sur la santé et la sécurité indique plusieurs moyens dincorporer la santé, la sécurité et la protection de lenvironnement à une stratégie de négociation collective:
- «nous pouvons incorporer des dispositions de la législation en vigueur à notre convention collective afin de pouvoir les soumettre à larbitrage de griefs et de les faire mettre en application par des organismes gouvernementaux;
- dans les cas où les délibérations des comités mixtes (de santé et de sécurité, de réduction de lutilisation des substances toxiques ou de prévention de la pollution) nont quune valeur consultative, nous pouvons intégrer les décisions des comités mixtes à nos conventions collectives afin quelles influent sur les conditions de travail et que lemployeur ait beaucoup plus de mal à en faire fi;
- nous pouvons réaliser des percées, par exemple en assurant le blindage et la mise à la terre des TEC pour prévenir lémission de rayonnements électriques et électromagnétiques alors que la législation canadienne ne lexige pas;
- nous pouvons améliorer les normes et les droits assujettis aux lois en vigueur.»
Pendant que les travailleurs et travailleuses mènent des campagnes pour que de rigoureuses mesures de prévention de la pollution soient intégrées à la législation canadienne, la négociation collective est un utile moyen de sassurer que la prévention de la pollution soit mise en oeuvre en milieu de travail, que les gouvernements agissent ou non. Les syndicalistes ont souvent joué un rôle clé dans la promotion de la refonte législative en créant les modèles de cette refonte dans les conventions collectives quils négocient. Cest ainsi que les travailleurs et travailleuses ont gagné le droit de refuser un travail dangereux. Ce nest quune fois que de tels droits ont été établis par la négociation collective que les gouvernements ont consenti à adopter des lois garantissant leur respect à tous les travailleurs et travailleuses.
Certaines entreprises et certains employeurs du secteur public sont disposés à sengager à prendre des mesures de prévention mais dautres ne le sont pas. Cela tient peut-être au fait que ces derniers ne comprennent pas les avantages économiques et environnementaux de la prévention de la pollution. Cela peut tenir aussi à ce quils sont réfractaires au partage du pouvoir décisionnel au sujet des méthodes de production avec le syndicat ou les travailleurs et travailleuses. Dans de telles circonstances, la négociation collective peut être le meilleur moyen de convaincre lemployeur du besoin de collaborer avec les travailleurs et travailleuses pour relever les défis de la prévention de la pollution.
Assurez-vous que votre employeur est au courant du nombre croissant détudes de cas de réussite de la prévention de la pollution. Le fait de savoir que de nombreuses mesures de prévention de la pollution améliorent les résultats financiers incitera fortement votre employeur à appuyer les initiatives de prévention de la pollution.
Modèle de clauses de convention collective
Si vous réussissez à persuader lemployeur dintégrer la prévention de la pollution à votre convention collective, vous voudrez que les clauses à ce sujet soient claires et vigoureuses. Le modèle suivant illustre les questions à aborder. Vous devrez sans doute ladapter aux conditions de votre lieu de travail.
Entente sur la création dune
équipe mixte de planification de la prévention de la pollution
|
Ce manuel nest pas censé être une initiation à la négociation collective; il nest destiné quà illustrer comment la négociation peut servir à épauler les efforts de prévention de la pollution. Même les grandes lignes que nous présentons indiquent clairement que la négociation collective peut être un important véhicule de réalisation des objectifs de la prévention de la pollution.
5.1 Politiques et lois canadiennes
Lactuel programme fédéral de prévention de la pollution comprend plusieurs éléments qui sont décrits dans le livre blanc intitulé La prévention de la pollution Une stratégie fédérale de mise en oeuvre. Les cinq principaux objectifs de ce programme y sont décrites comme suit:
Institutionnaliser la prévention de la pollution dans toutes les activités du gouvernement fédéral le verdissement du gouvernement.
Favoriser un effort national au chapitre de la prévention de la pollution de concert avec les autres ordres de gouvernement.
Créer un climat dans lequel la prévention de la pollution devient un facteur important dans les activités du secteur privé de concert avec les entreprises commerciales et industrielles.
Offrir à tous les Canadiens linformation et les outils nécessaires pour adopter la prévention de la pollution de concert avec chaque Canadien et Canadienne.
Participer aux initiatives internationales de prévention de la pollution de concert avec la communauté internationale.
Deux composantes de la stratégie fédérale sont particulièrement importantes. Il sagit du programme ARET et de lInventaire national des rejets de polluants.
ARET (Accélération de la réduction et de lélimination des toxiques)
Voici comment le gouvernement fédéral décrit son programme de prévention de la pollution le plus important:
Le programme ARET est une initiative volontaire visant la prévention de la pollution. Lobjectif dARET est de diminuer les effets néfastes des substances toxiques sur la santé humaine et lenvironnement en accélérant la réduction et lélimination démissions de substances toxiques sélectionnées. Ce but sera atteint en mettant au défi les organisations industrielles et gouvernementales afin que ces dernières réduisent les émissions de 117 substances toxiques. ARET prouve que laction volontaire pour réduire ou éliminer les émissions peut permettre datteindre les objectifs environnementaux plus rapidement et de façon plus souple que les règlements ne le permettent à eux seuls.
Depuis le lancement dARET, en 1994, 278 installations ont participé à ce programme fédéral. Les participants comprennent des entreprises de secteurs industriels clés tels que les secteurs des mines et de la métallurgie, des pâtes et papiers, des produits chimiques, du pétrole, du gaz et de lélectricité ainsi que de nombreux fabricants dautres produits et certains ministères et organismes gouvernementaux.
Les participants volontaires au programme ARET ont pour objectif de réduire, dici lan 2000:
Tous les participants dressent un plan daction indiquant des mesures de prévention de la pollution à prendre et des objectifs à atteindre en lan 2000. Ensuite, ils mesurent et contrôlent les émissions et présentent les résultats.
En janvier 1997, Environnement Canada a publié le deuxième dune série de rapports documentant les réalisations du programme ARET.2 Selon ce rapport, les installations participant au programme ARET ont réduit leurs rejets de substances toxiques dans lenvironnement de près de 17 500 tonnes, ce qui représente une réduction de 49% au cours dune période allant de lannée de base à décembre 1995. Les participants se sont engagés à réduire leurs émissions de substances toxiques de 8 000 tonnes supplémentaires pendant la période de 1996 à lan 2000. Toutefois, le rapport reconnaît que «la réduction des substances les plus toxiques, persistantes et bioaccumulables se révèle un peu plus lente quon ne lavait prévu initialement».3
Le fait quon mette en évidence de façon répétée le caractère volontaire du programme souligne quil importe, tant aux entreprises qui y participent quau gouvernement fédéral, en tant quillustration du fait quon peut atteindre les objectifs environnementaux en labsence de réglementation. Puisque le programme ARET est la vitrine des programmes dapplication volontaire, il est étonnant que la participation des organisations privées et publiques nait pas été plus importante.
Selon le rapport, il y aurait eu des réductions considérables des rejets de certaines substances toxiques dans lenvironnement. Cependant, il y a lieu de se poser au moins deux questions importantes:
- Comment ARET se compare-t-il aux progrès réalisés dans les champs de compétence où lon a été disposé à rendre la prévention de la pollution obligatoire?
- Compte tenu de la portée dARET, des points de vue tant du nombre des substances visées et du nombre des participants privés, le rythme des progrès est-il acceptable par rapport aux incidences de la continuation de lutilisation de nombreuses substances toxiques, persistantes et bioaccumulables?
Inventaire national des rejets de polluants
LINRP est un système simple de comptabilité de la pollution qui exige que les grandes entreprises industrielles indiquent les quantités de polluants quelles rejettent dans lair, leau ou le sol ou quelles font passer à dautres installations pour fin dincinération, de recyclage, de traitement ou délimination.
APERÇU DE LINRP LInventaire national des rejets de polluants (INRP) fournit de linformation sur les rejets dans lair, leau et le sol entourant une entreprise, ainsi que sur les transferts de déchets hors site, et également sur la récupération, la réutilisation et le recyclage (les '3R') de 178 substances désignées. L'INRP est, au Canada, le seul inventaire régi par la loi qui soit accessible au public, et ce à l'échelle nationale, permettant de connaître, installation par installation, les rejets et les transferts de polluants. Quiconque au Canada produit, traite ou utilise de quelque manière que ce soit une ou des substances répertoriées à l'INRP en quantité de 10 tonnes ou plus par année, et qui emploie au moins 10 personnes à plein temps ou l'équivalent par année, doit déclarer ses rejets de substances répertoriées, de même que les transferts de déchets qui en contiennent. LINRP a pour but de permettre aux Canadiens et Canadiennes de mieux saisir la nature et la quantité des substances désignées qui sont rejetées dans l'environnement. L'INRP est la source de plusieurs projets à vocation environnementale en faisant ressortir les défis prioritaires, en soulignant les actions volontaires visant à réduire les rejets, en permettant le suivi des efforts de réduction et en indiquant où la réglementation doit être retravaillée. Environnement Canada |
Bien que la législation canadienne exige que les entreprises recueillent et présentent des renseignements sur les principaux rejets de polluants, elle nexige pas que les entreprises prennent des mesures pour améliorer leur rendement environnemental. LINRP est plutôt fondé sur le principe que le simple fait de devoir déclarer publiquement leurs rejets incitera grandement les entreprises à réduire la pollution quelles causent. On dispose damples indications selon lesquelles certaines entreprises ont entrepris volontairement des programmes à cette fin (voir ci-dessus la section sur le programme ARET). Il semble que les obligations imposées par lINRP ont, au moins dans certains cas, attiré lattention des cadres supérieurs en leur indiquant clairement lenvergure et le coût de la pollution produite par les activités de leurs entreprises:
«lobligation de présenter une déclaration publique a incité énormément les entreprises à accroître leurs efforts de réduction des émissions et permet au public de surveiller les progrès de façon suivie. Nous sommes convaincus que cette activité finira par permettre aux entreprises de réaliser des économies et dacquérir un avantage concurrentiel.»4
En donnant au public un «droit dêtre informé», lINRP a nettement fourni aux groupes communautaires et de défense de lintérêt public une importante information quils peuvent utiliser pour faire pression sur les entreprises afin quelles améliorent leur rendement environnemental. La comparaison des rapports de lINRP dune année à lautre devrait révéler la mesure dans laquelle lINRP incite les principaux pollueurs à améliorer volontairement ce rendement. Bien que lINRP soit une initiative positive pour ces raisons, les travailleurs et travailleuses ont grandement intérêt à faire élargir les exigences pour que les rapports portent, non seulement sur les rejets, mais aussi sur lutilisation des substances toxiques.
La réduction des rejets de polluants par rapport à la réduction de lutilisation des substances toxiques
Puisquil est axé sur les rejets de polluants dans lenvironnement ou le transfert à lextérieur des lieux pour fin de traitement à dautres établissements industriels, lINRP ne permet pas de mesurer les changements apportés en amont pour réduire lutilisation ou la production des substances toxiques, ou les deux. Le fait quil nexige pas que les entreprises déclarent lutilisation et la production de substances toxiques réduit considérablement lutilité de lINRP aux fins de la prévention de la pollution.
Les travailleurs et travailleuses se préoccupent particulièrement du fait que les données de lINRP ne portent guère sur lexposition professionnelle. Nous résumons ci-dessous certaines des lacunes de lapproche actuelle du point de vue des travailleurs et travailleuses cherchant à améliorer à la fois la santé et la sécurité au travail et le rendement environnemental des entreprises.
Élargissement de lINRP pour quil englobe les données sur lutilisation
Il existe un rapport évident et important entre lINRP et les définitions actuelles de la prévention de la pollution. Si les politiques de prévention de la pollution sont principalement destinées à réduire la pollution et les transferts à lextérieur des lieux, les données sur les rejets de polluants exigées par lINRP sont probablement les plus importantes à recueillir. Toutefois, si la définition de la prévention de la pollution doit englober la réduction de lutilisation, la portée de linformation de surveillance et des rapports doit être élargir de manière à comprendre des renseignements sur lutilisation et la production de substances toxiques.
Nous avons traité des lacunes de lINRP, particulièrement du point de vue des personnes exposées à des substances dangereuses et toxiques en milieu de travail. Cest une des raisons pour lesquelles il serait utile de recueillir et de publier des données sur lutilisation des produits chimiques. Nous indiquerons ci-après certaines des utilisations valables de ces données.
Un meilleur indicateur de lexposition des travailleurs et travailleuses: En indiquant lutilisation et la création de substances toxiques pendant la production, les données sur lutilisation donnent une bien meilleure indication de lexposition des travailleurs et travailleuses que les données sur les rejets. Toutefois, les données sur lutilisation ne témoignent pas fidèlement de cette exposition car elles ne tiennent pas compte des mesures antipollution prises à lintérieur de lusine. Néanmoins, les données sur lutilisation des substances toxiques sont indispensables au ciblage des programmes préventifs portant sur la santé au travail. Comme il a été indiqué dans la partie 2 de ce manuel, il est très difficile de procéder à une planification efficace de la prévention de la pollution à défaut de telles données.
Politiques, lois et programmes de prévention de la pollution: La comparaison des données sur lutilisation à linformation sur les rejets de polluants révèle que les rejets de substances toxiques ne représentent quune faible proportion des substances toxiques utilisées. Il sensuit que si lon évalue les efforts de prévention de la pollution en se fondant sur les données au sujet des rejets, on aura beaucoup de difficulté à savoir si des progrès valables sont réalisés. De plus, les données sur les rejets nindiquent rien sur les piètres pratiques industrielles pouvant accroître la quantité des substances toxiques transformées pendant la production, rejetées dans lenvironnement à lintérieur de produits ou traitées par des systèmes de gestion des déchets sur les lieux. Pour que les programmes gouvernementaux de prévention de la pollution soient ciblés efficacement, il faudra fonder sur les données concernant lutilisation les outils et la technologie nécessaires pour atteindre les objectifs de la prévention de la pollution.
Puisque les données sur les rejets nindiquent pas grand-chose sur les méthodes de production ni le rendement, elles ne sont guère utiles aux fins de létablissement et de la promotion de technologies judicieuses du point de vue de lenvironnement. Par contre, les données sur lutilisation donnent aux gouvernements et aux entreprises un moyen de comparer des méthodes de production communes afin de favoriser le transfert de méthodes et de technologies de prévention de la pollution.
Planification de la prévention de la pollution: Un des avantages de la planification de la prévention de la pollution, qui est indéniablement son principal attrait pour les entreprises, est sa capacité daméliorer lefficacité de la production et, par conséquent, la rentabilité. Bien quon puisse justifier la rentabilité de certaines mesures de prévention de la pollution simplement en mesurant le rendement des entreprises au point de rejet, dautres améliorations du rendement ne sont mises en évidences que lorsquon recueille des données sur lutilisation. Par exemple, les données sur lutilisation peuvent révéler des méthodes inefficaces ou causant du gaspillage qui passeraient inaperçues si lon ne recueillait que des données sur les rejets.
Validation des données sur les rejets: Lexpérience américaine nous a appris quil peut y avoir des disparités étonnantes entre les données sur lutilisation et les données sur les rejets pour ce qui est dindiquer ce qui se passe vraiment en milieu de travail. Si lon mesure le rendement environnemental selon les données des deux types, cela peut permettre aux entreprises et aux organismes de réglementation de vérifier la validité des rapports présentés dans le cadre de lINRP, qui sont souvent fondés uniquement sur des estimations dingénierie.
Complément du SIMDUT: Le Système dinformation sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT) du Canada donne aux travailleurs et travailleuses des renseignements critiques au sujet de la présence et des caractères des matières dangereuses en milieu de travail. Certaines lois provinciales sur la santé et la sécurité exigent que soient tenus des inventaires des produits chimiques pouvant indiquer approximativement les substances toxiques utilisées au travail. Cependant, dautres lois provinciales ne lexigent pas. On pourrait combler la lacune en rendant obligatoire la tenue et la présentation de données sur lutilisation des substances toxiques dans tous les champs de compétence.
La législation canadienne noblige pas les entreprises à présenter des données sur lutilisation des substances toxiques et la définition actuelle de la prévention de la pollution ne comprend pas explicitement lobjectif de réduire lutilisation de ces substances. Pour les raisons que nous avons indiquées, il y a tout lieu délargir la définition de la prévention de la pollution pour quelle englobe la réduction de lutilisation des substances toxiques. Qui plus est, si lon veut que la prévention de la pollution protège tant les travailleurs et travailleuses que lenvironnement, la tenue de données sur lutilisation est indispensable à la nouvelle approche de gestion de lenvironnement.
Si les travailleurs et travailleuses se mobilisent en vue de la prévention de la pollution dans leurs milieux de travail, en mettant laccent sur la réduction de lutilisation des substances toxiques, cela augmentera grandement les chances de succès des efforts faits pour réformer les lois et les politiques canadiennes.
Politique de gestion des substances toxiques (PGST)
La Politique de gestion des substances toxiques est une autre politique importante aux fins de la prévention de la pollution. Elle est décrite en ces termes:
un cadre de gestion à fondement scientifique qui nous permet de prévenir ou de limiter les rejets de substances toxiques dans lenvironnement. La politique a deux principaux objectifs. Le premier est lélimination virtuelle des substances toxiques qui résultent principalement de lactivité humaine et qui sont persistantes (qui se décomposent lentement) et bioaccumulables (qui saccumulent dans les organismes vivants)...Le deuxième est la gestion des autres substances préoccupantes pendant tout leur cycle de vie.
Cette politique fédérale est nettement axée sur le milieu extérieur, puisquelle indique clairement ce qui suit:
La Politique de gestion des substances toxiques pose un cadre prudent et préventif aux fins de la prise de décisions à base scientifique de gestion des substances toxiques pouvant être rejetées dans lenvironnement ou auxquelles les Canadiens ou Canadiennes peuvent être exposées dans lenvironnement.
La PGST a deux principaux objectifs de gestion:
Cette politique témoigne clairement dun engagement à légard dobjectifs environnementaux importants. Le défi consiste à traduire cet engagement en programmes valables qui permettront datteindre les objectifs en question en améliorant en même temps les conditions de travail.
5.2 Besoin dune refonte de la législation
Rares sont les gouvernements canadiens qui ont adopté des programmes valables de prévention de la pollution. Le gouvernement fédéral na pas encore intégré la prévention de la pollution à la législation. Le projet de loi C-74 (loi modificatrice de la Loi canadienne sur la protection de lenvironnement LCPE) aurait assujetti la prévention de la pollution à la loi fédérale sur la protection de lenvironnement, mais il na pas été adopté avant les dernières élections fédérales. Bien quil ait posé les principales bases de la prévention de la pollution, le projet de loi C-74 ne répondait pas aux propositions du CTC. Il était particulièrement préoccupant pour les travailleurs et travailleuses que le projet de loi ne reconnaisse pas explicitement leurs intérêts.
Le gouvernement a déposé un nouveau projet de loi modificatrice de la LCPE (projet de loi C-32). Cela signifie quon aura une nouvelle occasion de combler les lacunes des propositions antérieures. Cest pourquoi nous devons redoubler defforts pour voir à ce que la refonte de la LCPE soit axée sur de rigoureuses mesures de prévention de la pollution. Outre les amendements que préconise le comité des substances toxiques du Réseau canadien de lenvironnement (voir la partie 3 ci-dessus), il faut fonder la refonte sur les principaux points suivants pour que le rôle et les intérêts des travailleurs et travailleuses soient respectés:
Lautre importante initiative que devrait prendre le gouvernement fédéral consisterait à amender le Code canadien du travail pour quil comprenne des dispositions rendant la prévention de la pollution obligatoire dans les lieux de travail relevant de la compétence fédérale selon ce code.
En dernier lieu, il convient de rappeler le rôle tout à fait critique des provinces pour ce qui est dassujettir la mise en oeuvre de la prévention de la pollution à la législation. Bien quon ait surtout prêté attention à la refonte de la LCPE dernièrement, les provinces ont un rôle beaucoup plus important à jouer en matière de prévention de la pollution car leur compétence à légard des lieux de travail et de lenvironnement est beaucoup plus vaste que celle du gouvernement fédéral. Selon la LCPE, la compétence de celui-ci nenglobe que les substances «dintérêt national». Cela exclut un grand nombre de substances toxiques très polluantes qui présentent de graves dangers en milieu de travail.
Cela illustre le besoin dadopter des lois provinciales sur la prévention de la pollution qui seraient fondées sur les principes susmentionnés et qui sappliqueraient à un éventail beaucoup plus vaste de polluants et de substances toxiques présentes en milieu de travail.
Vu ces objectifs, il peut être utile de présenter les arguments suivants pour faire intégrer les principes clés de la prévention de la pollution aux législations fédérale et provinciales:
Les travailleurs et travailleuses et le lieu de travail
Comme nous lavons déjà mentionné, les politiques et les lois canadiennes sur la prévention de la pollution portent principalement sur lamélioration du rendement environnemental, et négligent le milieu de travail ou nen traitent que comme si lidée était venue à leurs auteurs après coup. Même dans les cas où le programme de prévention de la
pollution est étroitement défini, il y a plusieurs raisons de conclure que les travailleurs et travailleuses doivent jouer un rôle central dans son cadre:
- Les travailleurs et travailleuses connaissent tous les aspects de la production. Leurs connaissances et leur expérience sont indispensables au succès de la planification et de la mise en oeuvre de la prévention de la pollution.
- Aucun autre groupe ne sera plus influencé directement par les mesures de prévention de la pollution. Les travailleurs et travailleuses ont grandement intérêt à favoriser latteinte des objectifs de la prévention de la pollution.
- La nécessité de prévenir le transfert de risques, particulièrement entre travailleurs et travailleuses ou entre le milieu extérieur et le milieu de travail, justifie une forte participation des travailleurs et travailleuses destinée à empêcher que les mesures de prévention de la pollution ne soient mal planifiées ou mal mises en oeuvre.
Prévention du transfert de risques
Un autre important élément manquant des propositions fédérales sur lintégration de la prévention de la pollution à la LCPE est linterdiction du transfert de risques entre les travailleurs et travailleuses, les consommateurs et consommatrices, les flux de déchets ou les composantes de lenvironnement. Labsence de cette interdiction est inquiétante puisque les efforts de prévention de la pollution qui sont trop étroitement axés sur la réduction des rejets dans le milieu extérieur peuvent faire empirer les conditions dans le milieu de travail en transférant des risques:
5.3 Planification obligatoire de la prévention de la pollution
Les activités fédérales menées jusquà présent ont mis laccent sur la participation volontaire aux programmes de prévention de la pollution, y compris le programme ARET. Nous pouvons applaudir aux efforts que font les entreprises disposées à donner le pas en relevant le défi de la
prévention de la pollution. Ces efforts montrent à quel point il peut être utile et souvent rentable de réaliser de tels programmes pour améliorer le rendement environnemental.
Toutefois, il est très clair que les programmes dapplication volontaire ne suffisent pas à changer le comportement de nombreuses entreprises en matière de santé et de sécurité environnementales et professionnelles. En fait, la participation restreinte aux programmes de prévention de la pollution prouve la résistance de bien des entreprises à ladoption de nouvelles pratiques de planification et daffaires même quand ces programmes se sont révélés fructueux.
Limites de lapplication volontaire
Dans le cadre dune étude réalisée à la demande du gouvernement du New Jersey pour évaluer la planification de la prévention de la pollution, on a demandé à des entreprises de déterminer approximativement lefficacité des mesures de prévention de la pollution tant avant quaprès la planification de la prévention de la pollution. Les chercheurs ont constaté que les objectifs de réduction établis après la planification étaient près de trois fois plus élevés que ceux qui avaient été établis avant létablissement dun plan de prévention de la pollution.5
Cercle vicieux Dans les cas où la législation noblige pas les entreprises à dresser des plans de prévention de la pollution, elles peuvent être prises dans un cercle vicieux : Si les entreprises connaissaient le véritable potentiel de la planification de la prévention de la pollution, elles y procéderaient volontairement. Or, puisquelles ne sont pas obligées dy procéder, elles ne découvriront jamais ce potentiel. Il serait facile de sortir de cette impasse si les gouvernements étaient disposés à rendre obligatoires la planification et les mesures de prévention de la pollution. |
Importance des normes environnementales
Outre lobligation légale de dresser un plan de prévention de la pollution, cest souvent la réglementation environnementale qui incite le plus les entreprises privées et les employeurs du secteur public à prendre des mesures de prévention de la pollution. Les règlements qui exigent que les entreprises éliminent de façon échelonnée lutilisation de certaines substances toxiques ou investissent de fortes sommes dans des mesures antipollution et des matériels de traitement des déchets encouragent vraiment la réduction des coûts de la dépollution et du traitement. Or, dans bien des cas, la meilleure façon de réduire ces coûts consiste à éliminer le besoin de dépollution ou de traitement.
Ce nest pas par hasard que les efforts de prévention de la pollution les plus fructueux ont été ceux qui portaient sur des substances faisant lobjet des conditions de protection de lenvironnement les plus rigoureuses prévues par la réglementation. Par exemple, une étude sur
lefficacité de la Toxic Use Reduction Act du Massachusetts, dont ladoption a fait date, révèle une corrélation directe entre la rigueur de la réglementation environnementale et le degré de succès de la réduction de lutilisation des substances toxiques.6 Les substances visées comprennent les CFC et le chlore élémentaire. Les normes environnementales rigoureuses ne sont pas la seule raison pour laquelle les entreprises protègent les travailleurs et travailleuses et lenvironnement, mais elles semblent être la plus importante.
Leur engouement pour les programmes dapplication volontaire fait oublier aux détracteurs de la réglementation environnementale que les normes rigoureuses sur la protection de lenvironnement et le traitement des déchets ont joué un rôle critique dans la création de lincitation à faire des efforts de prévention de la pollution. Les gouvernements sont appelés à jouer un rôle tout à fait crucial en obligeant les employeurs à payer le vrai prix de la production, y compris le coût des maladies professionnelles et des répercussions environnementales.
5.4 Modification du Code canadien du travail
La Stratégie nationale sur la prévention de la pollution du Congrès du travail du Canada préconise ladoption dune nouvelle partie IV du Code canadien du travail qui porterait exclusivement sur la prévention de la pollution dans tous les lieux de travail relevant de la compétence fédérale. Le Congrès du travail du Canada a proposé cette mesure de réforme à cause du pouvoir restreint de réglementer les substances toxiques que la LCPE donne au gouvernement fédéral.
Le projet de loi C-74 et le projet de loi C-32 comprennent une disposition (dans la partie IX) qui habiliterait le gouvernement fédéral à exiger que lon procède à une planification de la prévention de la pollution dans les lieux de travail quil réglemente, cest-à-dire ceux auxquels sapplique le Code canadien du travail. Toutefois, la LCPE restreint le pouvoir fédéral à la réglementation des substances toxiques qui sont «dintérêt national». Or, bien des substances toxiques présentant de graves dangers en milieu de travail ne sont pas considérés comme des polluants environnementaux dintérêt national.
Ces substances ne seraient donc pas assujetties aux mesures de prévention de la pollution que la refonte de la LCPE pourrait comporter. Bien que le Code canadien du travail ne porte que sur les lieux de travail du ressort fédéral, on pourrait imposer au moins dans ces lieux des règles applicables à tous les dangers que présente le milieu de travail, quils soient dintérêt national ou non.
5.5 Taxe sur les produits chimiques imposée aux entreprises
Le Congrès du travail du Canada a en outre préconisé lincorporation dinstruments économiques à toute stratégie nationale de prévention de la pollution. Le CTC a particulièrement proposé ladoption dune taxe nationale sur les produits chimiques toxiques qui servirait à financer les programmes de prévention de la pollution. Les recettes tirées de cette taxe seraient versées aux provinces et territoires dont la législation répondrait aux normes (y compris les normes de conformité et dapplication) de la loi fédérale sur la prévention de la pollution que comprendrait le Code canadien du travail. Les provinces utiliseraient ces recettes pour financer ladministration de leurs lois et règlements sur la prévention de la pollution.
Il y a lieu de prendre des mesures transitoires pour compenser les perturbations que les changements technologiques et de la production provoqués par les efforts de mise en oeuvre des programmes de prévention de la pollution peuvent avoir sur lemploi et la vie communautaire. Ces mesures transitoires viseraient notamment à protéger les revenus, à favoriser le réemploi, à donner accès à de nouveaux emplois, à assurer une formation, des possibilités de recyclage et une aide aux études et à soutenir les collectivités affectées. De plus, elles permettraient la pleine participation des personnes influencées par le changement industriel à la prise des décisions devant orienter ce changement et déterminer comment lon fera face à ses conséquences.
Limportance des mesures transitoires est soulignée dans la résolution suivante du CTC:
[Résolution no HSE-18 de lAssemblée statutaire de 1996 du CTC]
Comme nous lavons déjà indiqué, il faudrait, pour pouvoir financer ces mesures, frapper de nouvelles taxes lutilisation de produits chimiques toxiques ayant des répercussions sur les travailleurs et travailleuses et sur lenvironnement. Laugmentation du coût de ces produits chimiques inciterait fortement les entreprises à réduire leur consommation de ces substances toxiques. De plus, le fait daffecter les nouvelles recettes fiscales aux frais de transition associés au changement industriel permettrait datteindre les objectifs de la prévention de la pollution sans imposer aux travailleurs et travailleuses le prix des progrès réalisés sur les plans de lenvironnement et du milieu de travail.
Environnement Canada: Bureau national de prévention de la pollution
La prévention de la pollution est devenue lun des principaux objets des efforts faits par le Canada pour faire face aux graves effets des rejets de substances toxiques sur lenvironnement.
Le Bureau national de prévention de la pollution a un vaste mandat qui englobe de nombreuses initiatives ayant trait à létablissement et à la mise en oeuvre de différents programmes de prévention de la pollution. Ces initiatives comprennent létablissement et la mise en oeuvre de règlements, de lignes directrices et de codes de pratiques ainsi que des initiatives non réglementaires telles que le programme ARET. Le Bureau est chargé de mettre en pratique la Stratégie fédérale de prévention de la pollution dans lensemble des ministères et représente le Canada au sein de différents organismes internationaux, y compris lOCDE et la Commission de coopération environnementale créée en vertu de lALÉNA. Le Bureau a travaillé avec le Conseil canadien des ministres de lenvironnement (CCME) à létablissement dune unique définition canadienne de la prévention de la pollution et participe à la mise en oeuvre dune stratégie du CCME pour la prévention de la pollution. Le 18 mars 1998, le Bureau a créé le Centre canadien dinformation sur la prévention de la pollution, quon peut joindre grâce à lInternet à ladresse suivante: http://www.ec.gc.ca/cppic.
En outre, le Bureau tient un excellent site Web qui présente une foule de renseignements et de documents sur la prévention de la pollution. Voici, par exemple, un extrait dune des pages de ce site indiquant un nombre croissant de réussites en matière de prévention de la pollution:
La prévention de la pollution, cest payant! Liste de réussites dorganisations, dentreprises et dindividus canadiens qui provoquent un changement.
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Renseignements:
Bureau national de prévention de la
pollution
351, boulevard St. Joseph
Hull (Québec)
K1A 0H3
téléphone: (819) 953-7819
télécopieur: (819) 953-7970
http://www.ec.gc.ca/cppic
Centre canadien pour la prévention de la pollution (C2P2)
Auparavant appelé Centre de prévention de la pollution des Grands Lacs, le C2P2 est probablement la meilleure source dinformation sur la prévention de la pollution au Canada. Voici la description de sa mission et de ses activités quon trouve à son site Web.
À propos du C2P2 Ressource par excellence du Canada en matière de prévention de la pollution Notre mission Information Formation Conférences Commanditaires
Membres
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Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec le:
Centre canadien pour la prévention de la
pollution
100, rue Charlotte
Sarnia (Ontario) N7T 4R2
téléphone: (519) 337-3423 ou 1-800-667-9790
télécopieur: (519) 337-3486
courrier électronique: c2p2@sarnia.com
Toxic Use Reduction Institute (TURI)
Depuis bien des années, le TURI donne le pas à la promotion de létablissement de politiques et de lois sur la prévention de la pollution. Voici comment le TURI se décrit:
Visitez le site Internet du TURI, à ladresse http://www.turi.org/. Cest une des meilleures sources dinformation sur la réduction de lutilisation des substances toxiques et la prévention de la pollution.
Inventaire national des rejets de polluants
Une des sources les plus importantes dinformation au sujet des rejets de substances toxiques dans lenvironnement est lInventaire national des rejets de polluants (INRP). La base de données de lINRP comprend de linformation sur lannée 1994, soit la deuxième année de mise en oeuvre du programme. Plus de 5 900 rapports sur des substances ont été présentés par 1 713 installations situées dans les différentes parties du Canada. On continuera de recueillir de linformation et de la mettre annuellement à la disposition du public, ce qui permettra de procéder à des comparaisons des données des différentes années et dévaluer les tendances des rejets et des transferts de polluants au Canada.
Des rapports sommaires sur linformation de 1994 et de 1995 de lInventaire national des rejets de polluants ont été publiés et sont inclus dans cette base de données. De plus, on peut obtenir ces rapports et des renseignements complémentaires sur lINRP en sadressant aux bureaux dEnvironnement Canada qui sont énumérés plus loin sur cette page.
On peut obtenir dautres renseignements sur les rapports présentés à lINRP pour lannée de déclaration 1995.
PP ou P2 | Prévention de la pollution |
TUR | Réduction de lutilisation des substances toxiques |
Mesures antipollution daval | Mesures antipollution traditionnelles telles que les filtres à manches, les bassins de décantation et les épurateurs, qui sont destinées à capter les polluants à la sortie de la cheminée ou du tuyau de décharge. |
3«R» | Réduction, réutilisation et recyclage |
ARET | Accélération de la réduction et de lélimination des toxiques |
C2P2 | Centre canadien pour la prévention de la pollution |
CCME | Conseil canadien des ministres de lEnvironnement |
LCPE | Loi canadienne sur le protection de lenvironnement |
INRP | Inventaire national des rejets de polluants |
LSIP 1 | Liste des substances dintérêt prioritaire no 1 |
LSIP 2 | Liste des substances dintérêt prioritaire no 2 |
PGST | Plan de gestion des substances toxiques |
SGE | Système de gestion de lenvironnement |
TURI | Toxic Use Reduction Institute (University of Massachusetts) |
SUBSTANCE BIOACCUMULABLE: Substance qui peut être assimilée par un organisme directement à partir du milieu ambiant ou par la consommation daliments contenant la substance et qui saccumule dans lorganisme, de telle sorte que les concentrations dans lorganisme sont plus élevées que celles du milieu ambiant ou de laliment.
PERSISTANTE: Se dit des substances qui ne se dégradent ou ne se décomposent pas facilement dans lenvironnement et qui conservent leur forme initiale pendant de longues périodes. Dans certains cas, la substance initiale se décompose, mais un sous-produit dune toxicité semblable persiste dans lenvironnement.
PRINCIPE DE LA PRÉVENTION: Principe selon lequel, si des dommages graves ou irréversibles risquent dêtre causés à lenvironnement ou à la santé humaine, labsence de certitude scientifique ne servira pas à justifier le report de la prise de mesures économiques de prévention de la dégradation de lenvironnement.
ÉLIMINATION VIRTUELLE: Fait de ramener les rejets dune substance dans lenvironnement en-deçà de toute quantité ou concentration mesurable. Dans les cas où il continue dy avoir des rejets et ces rejets peuvent avoir un effet nuisible sur lenvironnement ou mettre en péril la vie ou la santé humaine, la production ou lutilisation de la substance sera jugée inacceptable.
Ken Geiser, Has the Pollution Prevention Revolution Failed?, Toxics Use Reduction Institute, University of Massachusetts, Lowell (Massachusetts).
Environnement Canada, Leaders environnementaux 2: Action volontaire sur les substances toxiques, ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, janvier 1997.
Idem, p. 5.
Cité par Shelley A. Hearn dans Tracking Toxics: Chemical Use and the Publics "Right to Know", p. 7, Environment, juillet-août 1996.
Hampshire Research Associates, Inc., Evaluation of the Effectiveness of Pollution Prevention Planning in New Jersey: A Program Based Evaluation (1996), p. 36.
Geiser et Rossi, "Toxic Chemical Management in Massachusetts: The Second Report on Further Chemical Restriction Policies", Toxics Use Reduction Institute, University of Massachusetts, Lowell (1995).
Guide des citoyens sur la prévention de la pollution, Institut canadien du droit et de la politique de lenvironnement, téléphone: (416) 923-3529; courrier électronique: cielap@web.net.
Stratégie sur la prévention de la pollution du CTC, Congrès du travail du Canada, 1998
Écologiser le milieu de travail, CTC, 1995
Stratégie dexécution de notre engagement national pour la prévention de la pollution (Conseil canadien des ministres de lEnvironnement CCME)
Guide de planification de la prévention de la pollution (Association canadienne de normalisation CSA)
La prévention de la pollution Une stratégie fédérale de mise en oeuvre (gouvernement du Canada, 1995)
Site Web dEnvironnement Canada: http://www.ec.gc.ca/cppic
Workplace Roulette, Gambling With Cancer, de Matthew Firth, James Brophy et Margaret Keith, Between the Lines, Toronto, 1997.
Annexe A Stratégie sur la prévention de la pollution du CTC
Sommaire des recommandations
Recommandation no 1:
Le Canada doit se doter d'une stratégie nationale de prévention de la pollution
vigoureuse et détaillée, qui sera mise en oeuvre dès que possible.
Recommandation no 2:
La définition que le gouvernement fédéral donne de la prévention de la pollution doit
être adoptée à l'échelle nationale et doit prendre force de loi fédérale.
Recommandation no 3:
La prévention de la pollution doit viser principalement à l'élimination complète des
rejets de polluants.
Recommandation no 4:
Les méthodes et techniques de prévention de la pollution doivent être conformes à la
définition de ladite prévention et elles doivent être inscrites dans la législation.
Recommandation no 5:
Les entreprises visées par les lois et règlements relatifs à la prévention de la
pollution devront préparer trois types de plans de prévention de la pollution avec la
pleine participation des travailleuses et travailleurs et de leurs représentantes et
représentants.
Recommandation no 6:
La portée de la législation de la prévention de la pollution doit être définie par
une liste de produits chimiques, et il faut adopter un système d'évaluation du danger
réglementé qui servira de principale méthode d'évaluation de la réussite du programme
de prévention de la pollution en milieu de travail, ainsi que des données relatives à
la réduction des émissions.
Recommandation no 7:
Certains aspects de la prévention de la pollution en milieu de travail relevant de la
compétence fédérale doivent être concrétisés dans le cadre d'une nouvelle
Partie IV ajoutée au Code canadien du travail et consacrée à la prévention de la
pollution.
Recommandation no 8:
Le gouvernement fédéral doit instaurer une taxe sur les produits chimiques qui
définissent la portée du programme, afin d'inciter les entreprises à utiliser moins de
produits chimiques toxiques et de permettre un paiement de transfert aux provinces et
territoires qui respectent les normes établies dans la législation fédérale du milieu
de travail.
Recommandation no 9:
Un programme international spécial visant à éliminer progressivement certains produits
chimiques doit reposer sur le programme national général de prévention de la pollution.
Les travailleuses et travailleurs doivent être protégés par des «mesures
transitoires» pendant le passage à une économie où l'on utilisera plus de produits
toxiques.
Recommandation no10:
Le CTC préconisera la négociation collective en matière de prévention de la pollution
comme étape essentielle de l'élaboration commune de plans de prévention obligatoires.
Annexe B Mesures traditionnelles de lutte contre la pollution
Voici, présentées sans quun ordre particulier nait été respecté, les principales mesures antipollution:
le captage et le stockage subséquent des polluants;
la filtration, qui consiste à retirer des polluants de lair ou de leau des flux de déchets par des moyens physiques tels que les cribles, les filtres et dautres écrans de matières perméables comme le coke;
la précipitation, qui consiste à précipiter le polluant par réaction chimique et à le capter dans son état transformé ou à le capter par des méthodes physiques telles que la neutralisation de sa charge électrostatique;
la destruction par exemple lincinération ou la neutralisation de polluants par leur transformation chimique ou biologique en des substances moins nuisibles;
la dilution, qui consiste à diluer ou à «noyer» le polluant afin de réduire ses effets sur tout organisme ou écosystème, ou la concentration, qui réduit le rayonnement des effets de lévacuation;
lévaporation ou la dissolution par exemple la dissolution dun gaz dans leau;
lutilisation par exemple la transformation dun polluant en un produit pouvant être utile (bien quil ne soit pas nécessairement moins toxique), telle que la transformation du dioxyde de soufre en acide sulfurique ou lutilisation de déchets solides en tant que noyau dur ou assiette de voirie;
le recyclage hors procédé (mode de réutilisation), dans le cadre duquel le recyclage ne fait pas partie intégrante du procédé de production;
le changement délément, qui consiste à détourner un flux de déchets dun élément tel que lair, le sol ou leau à un autre selon le principe que cela rend le polluant moins dangereux;
le changement détat transformation à létat solide, liquide ou gazeux selon le principe que cela rend le polluant moins dangereux.